Instagram a récemment annoncé vouloir restreindre la publicité pour les produits amaigrissants pour protéger les adolescents. Ces derniers pourraient être victimes de troubles alimentaires en essayant de suivre à la lettre les recettes promues par les influenceuses.
Instagram détruit la frontière entre star et fan
Pour protéger les mineurs, l’accès aux photos vantant des produits amaigrissants va être bientôt restreint sur Instagram. Ces publicités peuvent, selon les médecins, provoquer des troubles alimentaires chez les adolescents. Michaël Stora, psychanalyste à Paris et fondateur de l’Observatoire des mondes numériques en sciences humaines, estime que le réseau social a engendré une forte illusion de proximité. « Ce réseau social est venu remettre en question la hiérarchie entre la star et le fan. Celle que l’on admire dans certaines revues ou que l’on voit sur un panneau publicitaire est inaccessible. Sur Instagram, ces nouvelles vedettes, nées avec l’avènement de la téléréalité, partagent leur quotidien, leurs failles et leurs réussites en tutoyant leurs abonnés, à l’image des premiers youtubeurs qui se filmaient dans leur chambre », explique-t-il au Parisien.
Un impact nocif sur la croissance des adolescents
Evidemment, cette fausse impression de ressembler aux modèles (eux-mêmes des produits marketing rémunérés) peut avoir un impact nocif sur le corps des adolescents, dont la croissance n’est pas encore terminée. « On sait que la promotion de ces régimes va créer des moments de doute et d’angoisse, alors qu’ils sont en pleine structuration. Derrière, il y a cette idée de correspondre à un modèle pour être aimé. Cet idéal tyrannisant de la beauté peut engendrer des troubles de l’alimentation, des dépressions, des scarifications à un âge fragile surtout si on ne correspond pas à ce qu’il faudrait être », ajoute le psychanalyste.
« Si on a besoin de maigrir, on se fait suivre médicalement »
Le pis, c’est que les publicités pour produits amaigrissants ne sont généralement pas honnêtes. Les recettes vantées ne contiennent rarement les ingrédients qui font réellement perdre du poids. Elles sont souvent déconseillées aux mineurs car contenant des protéines pouvant interférer dans la croissance. Les femmes vulnérables aux troubles alimentaires vont également se retrouver dans un cercle vicieux Au lieu de perdre du poids, elles risquent même d’en prendre. Pour le professeur Melchior, chef adjoint du service de nutrition clinique à l’hôpital Paul-Brousse, de Villejuif (Val-de-Marne), « Si on a besoin de maigrir, on se fait suivre médicalement, mais on n’achète pas n’importe quoi sur Instagram ».