Sous la pression des droits de douane imposés par Washington, le secteur de l’horlogerie helvétique a connu un important ralentissement de ses expéditions le mois dernier.
Selon les chiffres rendus publics le 21 octobre par la Fédération de l’industrie horlogère suisse (FHS), les exportations de garde-temps helvétiques ont reculé de 3,1% en septembre sur un an, pour atteindre 2 milliards de francs suisses, soit environ 2,5 milliards de dollars.
Les modèles en acier, qui demeurent les plus représentés avec 649 400 pièces expédiées, ont vu leur valeur chuter de 3,8% et leur volume reculer de 6,1%. Les versions bimétalliques, mêlant or et acier, ont quant à elles enregistré une contraction plus marquée de 10,4% en valeur.
Seules les montres en métaux précieux tirent leur épingle du jeu avec une légère progression de 1,5% en valeur, malgré un volume quasi-stable (-0,2%).
À l’origine de cette dégringolade figurent les 39% de taxes infligées en août dernier par l’administration Trump aux importations en provenance de la Suisse. Un coup sans précédent pour l’un des fleurons industriels du pays.
Un marché américain dans la bérézina
Un revers d’autant plus retentissant que le Fonds monétaire international venait tout juste de relever ses prévisions de croissance pour la Confédération, tablant sur une progression de 1,3% en 2025.
Pour une montre suisse vendue 10 000 dollars aux États-Unis avant l’application de ces tarifs, le prix peut désormais atteindre 13 900 dollars, une augmentation substantielle même pour une clientèle fortunée.
De fait, la baisse est particulièrement marquée sur le marché américain, où les exportations helvétiques ont chuté de 55%. Ce retournement suit un mois de juillet intense, marqué par un afflux massif de livraisons, les fabricants anticipant l’entrée en vigueur des nouveaux tarifs en renforçant rapidement les stocks outre-Atlantique.
Les principaux acteurs du secteur, tels que Richemont, Swatch Group, ainsi que les maisons indépendantes comme Audemars Piguet, Patek Philippe et Rolex, n’ont pas été épargnés par cette onde de choc et ont tous dû revoir à la baisse leurs prévisions commerciales, selon les informations rapportées par Bloomberg.
Entre diplomatie et stratégie d’adaptation
« Chaque recul important des exportations implique des ajustements dans la production et a un impact sur l’ensemble des acteurs de la chaîne », analyse Jean-Daniel Pasche, président de la Fédération de l’industrie horlogère suisse.
Si les ventes ont parallèlement progressé de 7,8% sur le mois hors du marché américain (notamment au Mexique : +44,1 %, en Australie : +14,2 %), ces résultats ne révèlent pas moins la forte dépendance de l’horlogerie suisse vis-à-vis des États-Unis.
Dans ce contexte, les autorités suisses maintiennent leurs efforts diplomatiques. Des négociations avec Washington sont en cours dans l’espoir d’obtenir une réduction, voire la suppression, de ces droits de douane jugés pénalisants. Mais à ce stade, peu de progrès réels ont été observés, selon Bloomberg.
