L’entreprise de robotaxis de Google triomphe sur les routes américaines avec plus de 10 millions de trajets payants déjà réalisés par ses voitures autonomes. Mais la vraie bataille commence maintenant avec l’arrivée de Tesla sur ce marché.
Si vous habitez l’une des villes américaines comme San Francisco, Phoenix ou Los Angeles, vous avez probablement déjà aperçu les véhicules Waymo, du nom de l’entreprise de taxis autonomes détenue par Alphabet, la maison-mère de Google.
Ces voitures sans conducteur se multiplient sur les routes depuis le lancement de leur service commercial. Elles sont aujourd’hui 600 à circuler dans la seule baie de San Francisco et ont franchi le cap historique de 10 millions de trajets payants.
Ces chiffres, tirés du dernier rapport de la Commission californienne des services publics et analysés par le Wall Street Journal (WSJ), révèlent une croissance fulgurante. Un bilan d’étape remarquable. Il y a deux ans, Waymo réalisait 10 000 trajets payants par semaine. Aujourd’hui, ce nombre dépasse les 250 000.
Cette progression illustre le passage d’une innovation de niche à un service du quotidien. « C’est à cela que ressemble une croissance exponentielle« , se félicitait d’ailleurs Dmitri Dolgov, co-directeur général de Waymo, lors de la récente conférence développeurs de Google, dans des propos rapportés par le WSJ.
Quand l’extraordinaire devient ordinaire
Pour les usagers, la circonspection des premières fois a laissé place à une adaptation fascinante au fil des expériences, comme le décrit Ben Cohen, journaliste du Wall Street Journal, dans un récent article.
« Au début, j’étais intrigué, légèrement effrayé et intensément conscient de mon environnement. Mais cette inquiétude n’a duré que quelques pâtés de maisons« , raconte-t-il. Le lendemain, face au choix entre un chauffeur traditionnel et un véhicule autonome, il dit avoir opté pour Waymo.
D’après le quotidien américain, cette anecdote illustre la courbe classique d’adoption technologique que suivent toutes les innovations révolutionnaires. « Je suis convaincue que dans un an, nous regarderons cette étape en arrière et réaliserons que Waymo ne faisait que commencer« , prédit Mawakana à qui l’optimisme ne fait manifestement pas défaut.
Si les chiffres actuels se maintiennent, Waymo pourrait franchir la barre des 20 millions de trajets autonomes d’ici la fin 2025, à en croire le WSJ.
Vers une bataille des géants technologiques
Cette perspective radieuse pourrait cependant se heurter à un défi, et pas des moindres. Son nom ? Tesla. Le géant des véhicules électriques a lancé ce week-end son service de robotaxis dans les rues d’Austin au Texas.
L’aboutissement de six ans d’attente qu’Elon Musk espère voir redonner du souffle au constructeur dont les ventes sont actuellement en chute libre, en raison de l’implication controversée du milliardaire en politique.
Là où Waymo mise sur un arsenal technologique coûteux – radars, lidars, 29 caméras et cartographie détaillée – Tesla privilégie une solution basée uniquement sur les caméras et l’intelligence artificielle. Cette différence philosophique se reflète dans les coûts : Waymo a levé 5,6 milliards de dollars l’année dernière, tandis que la division « Other Bets » d’Alphabet, qui inclut Waymo, affiche une perte de 4,4 milliards de dollars.
Musk ne manque pas de souligner cette réalité, déclarant notamment que « le problème avec les voitures de Waymo, c’est qu’elles coûtent way-mo d’argent ». Mais Tesla aura fort à faire pour atteindre son objectif, d’autant que « jusqu’à présent, ce lancement accuse un retard considérable par rapport aux promesses de l’entreprise et à ce que les concurrents ont déjà livré », selon Paul Miller, analyste principal chez Forrester Research, cité par le New York Times.