Le constructeur chinois de véhicules électriques dépasse son homologue américain sur le marché européen, bénéficiant d’une offre plus abordable tandis que l’entreprise d’Elon Musk souffre de problèmes d’image et d’innovation.
C’est une différence de 66 unités « seulement », mais elle n’en est pas moins significative, à plus d’un titre. Pour la première fois de son histoire, BYD est parvenu à écouler plus de véhicules électriques que Tesla sur le Vieux Continent, selon les chiffres publiés jeudi 22 mai par Jato Dynamics.
Ce cabinet britannique spécialisé dans l’analyse du marché automobile fait état de 7 231 nouvelles immatriculations pour le constructeur chinois en avril, contre 7 165 pour son concurrent américain.
Cette performance représente une progression de 169% en un an pour le groupe de Shenzhen, tandis que l’entreprise texane accuse une chute de 49% sur la même période. En incluant les véhicules hybrides rechargeables, l’avance de BYD devient encore plus écrasante avec une hausse de 359% de ses immatriculations.
« C’est un moment charnière pour le marché automobile européen, surtout quand on considère que Tesla dominait le secteur des véhicules électriques depuis des années », souligne Felipe Munoz, analyste mondial chez Jato Dynamics, dans les colonnes du Financial Times.
Une concurrence accrue et des difficultés propres
C’est d’autant plus retentissant que la marque dirigée par le couple Wang Chuanfu-Stella Li n’a commencé à opérer au-delà de la Norvège et des Pays-Bas qu’à la fin 2022, comme le relève Felipe Munoz.
Si BYD bénéficie du contexte favorable aux véhicules électriques chinois en général sur le marché européen (+59 % d’immatriculations en un an), le déclin de Tesla ne se limite pas à la concurrence de l’Empire du Milieu.
En effet, les constructeurs européens traditionnels comme Renault, Škoda, Volkswagen, Audi et BMW l’ont également tous supplanté sur le segment électrique le mois dernier. De mauvais augure pour l’historique quasi-monopole de l’entreprise de Musk en Europe.
Plusieurs facteurs expliquent la dégringolade du constructeur qui fut longtemps une locomotive mondiale pour les voitures dites propres. D’abord, le vieillissement de son portefeuille produits, malgré la récente mise à jour du Model Y, son modèle phare.
La stratégie gagnante de BYD
Il y a ensuite l’impact négatif des prises de position politiques d’Elon Musk, devenu une des chevilles ouvrières de l’administration Trump, dont il a par ailleurs largement contribué financièrement au retour au pouvoir.
Les commentaires des lecteurs du Financial Times révèlent d’ailleurs cette défiance : « Qui aurait pu deviner que les saluts nazis et le soutien à l’extrême droite pouvaient constituer un si mauvais marketing en Europe ?« , ironise un internaute.
La pression concurrentielle s’intensifie également avec l’arrivée de nouveaux modèles électriques européens à prix plus abordables, conçus pour répondre aux réglementations d’émissions plus strictes de l’UE.
Alors que l’Union européenne impose des droits de douane pouvant atteindre 45% sur les véhicules électriques chinois, BYD a massivement développé ses ventes d’hybrides rechargeables, afin de contourner ces taxes.
En quelques années, le constructeur a lancé huit modèles dans plus de 30 pays européens, couvrant tous les segments de marché. Le prix de certains modèles, comme la compacte Seagull proposée dès 22 990 euros, défie toute concurrence dans sa catégorie.