Le dispositif gouvernemental de promotion de la Culture subit une réorientation dans l’allocation des fonds aux bénéficiaires.
Par décret du 27 février 2025, le gouvernement vient de mettre un terme brutal au volet individuel du Pass Culture pour les adolescents de 15 et 16 ans. Autrement dit, plus de crédit à 50 euros autrefois destiné à cette tranche d’âge à compter du 1er mars.
La même décision touche les 50 euros alloués aux 15-16 ans, avec cependant la possibilité de bénéficier des offres gratuites sur la plateforme dédiée au dispositif.
La somme (300 euros) consacrée aux jeunes de 18 ans est quant à elle réduite de moitié. Une allocation à dépenser en quatre ans (contre deux auparavant) et extensible de 50 euros sous certaines conditions : être en situation de handicap ou venir d’un foyer modeste.
À l’origine de ce coup de rabot, la volonté gouvernementale de réaliser des économies dans un contexte de déficit budgétaire plongeant. Un objectif d’autant plus impérieux que le Pass Culture évalué à plus de 200 millions d’euros annuels, n’a pas été épargné par la Cour des comptes.
Des critiques sévères
Dans un rapport publié fin 2024, l’institution présidée par Pierre Moscovici, fait des observations à propos de cet outil qui « n’a pas totalement réussi à toucher les jeunes les plus éloignés de l’offre culturelle », selon ses termes.
À cet effet, « seuls 68 % » des jeunes dont les parents sont ouvriers ou employés auraient recours à ce sésame promu par le président Emmanuel Macron. Le contrôleur financier de la République regrette par ailleurs que 16 millions d’euros aient pu bénéficier à des « escape games ».
Des activités qui « n’auraient jamais dû être considérées comme pouvant entrer dans le périmètre des offres éligibles sur l’application ».
« Le Pass est, à ce jour, avant tout un outil d’amplification des pratiques culturelles les plus populaires et peine à se distinguer d’un chèque culture », cinglait le document de la Cour des comptes, appelant à une réforme du dispositif.
Un avenir incertain
Le gouvernement semble donc avoir désormais agi en conséquence. Il reste à voir l’étendue de l’impact de cette refonte. D’autant que celle-ci suscite de nombreuses interrogations tant du côté des jeunes bénéficiaires que de certains observateurs.
« Que vont devenir mes 20 euros? », se demande par exemple Lola, lycéenne de 15 ans et demi qui venait tout juste de s’inscrire sur la plateforme, d’après Le Parisien. Elle comptait utiliser cette somme pour acheter des livres de poche ou des places de spectacle.
« On est arrivé au bout d’une approche technocratique et kafkaïenne qui vise à décourager de consommer ces crédits« , dénonce le sénateur socialiste Patrick Kanner, signataire il y a quelques jours, d’une tribune intitulée « Il faut en finir avec le Pass Culture » dans Le Monde.
Pour l’élu, il serait préférable de réallouer ces fonds à l’éducation artistique et culturelle à l’école, « y compris dès le primaire ».