Rolex France, la filiale française du célèbre horloger suisse, a été condamnée mardi par l’Autorité de la concurrence à payer une amende record de 91 600 000 euros. Il lui est reproché d’avoir interdit à ses distributeurs de vendre ses produits en ligne pendant plus de dix ans.

L’Autorité de la concurrence a infligé, le mardi 19 décembre, une amende record (pour le groupe) de 91,6 millions d’euros à Rolex France, la branche française du célèbre fabricant suisse de montres de luxe. L’entreprise est sanctionnée pour avoir interdit en 2013 à ses distributeurs de vendre ses produits en ligne pendant plus de dix ans. C’est l’Union de la bijouterie horlogerie et le joaillier Pellegrin & Fils, deux de ses principaux partenaires, qui ont saisi l’Autorité en 2017 pour faire valoir leurs droits.

Une pratique grave et préjudiciable aux consommateurs

Le gendarme de la concurrence considère que le contrat de distribution sélective liant Rolex France à ses détaillants relève d’une « entente verticale restrictive de concurrence». Il juge cette pratique grave car elle revient « à fermer une voie de commercialisation, au détriment des consommateurs et des distributeurs. Et cela dans un contexte de croissance continue, depuis plus de quinze ans, de la distribution en ligne des produits de luxe, y compris les montres.

Toutes les entités du groupe Rolex contribueront au paiement

Compte tenu de la durée de cette mesure restrictive (plus de dix ans) et de sa nature anticoncurrentielle, l’Autorité de la concurrence a fixé une sanction record pour Rolex France de 91,6 millions d’euros. Aussi, elle invite les sociétés Rolex Holding SA, Rolex SA et la fondation Hans Wilsdorf à se montrer solidairement responsables du paiement de cette amende en raison des liens capitalistiques, organisationnels et juridiques existant entre elles et la filiale française de l’horloger suisse.

Rolex voulait lutter contre la contrefaçon nuisible à son image

Dans son communiqué publié mardi, l’Autorité de la concurrence a rejeté, en revanche, l’argument de Rolex France qui consistait notamment à justifier l’interdiction de la vente en ligne par la nécessité de lutter contre la contrefaçon et de maintenir son image prestigieuse. Si l’Autorité comprend ces objectifs, elle rappelle au groupe que d’autres marques de montres de luxe ont réussi à préserver leurs intérêts sans interdire la commercialisation en ligne de leurs produits.

Mais il y avait d’autres solutions pour cela

Ces fabricants ont simplement déployé des solutions (notamment technologiques) leur ayant permis de concilier vente en ligne et lutte contre la contrefaçon, qui a lieu vers des canaux parallèles. D’ailleurs, la marque Rolex a elle-même développé un programme avec l’un de ses distributeurs pour acheter en ligne des montres d’occasion dont elle garantit l’authenticité. Donc l’interdiction pure et simple n’était pas la seule option disponible, souligne l’Autorité de la concurrence.

Rejet du grief de prix de revente imposés par Rolex

Rolex n’avait toujours pas réagi jeudi à la sanction. La maison Pellegrin & Fils et l’Union de la bijouterie horlogerie, en revanche, ont salué la décision. Elles se réjouissent de « pouvoir enfin obtenir, devant les juridictions, la réparation du très important préjudice subi». Rolex devra leur communiquer le résumé de l’avis du gendarme, ainsi qu’à l’ensemble des distributeurs agréés, en version papier et numérique. Toutefois, le groupe a obtenu le rejet, par l’Autorité, du grief de prix de revente imposés par lui. Les éléments du dossier ne permettraient pas de démontrer une restriction de la liberté tarifaire.

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