Le Cambodge contribuait en 2018 pour près de 50% du trafic mondial de la fonction vocale de la messagerie instantanée de Facebook. Le résultat des contraintes dues aux spécificités du khmer, la langue du pays.

Les « Facebook Files » – du nom des documents internes de la plateforme californienne désormais renommée Meta – dévoilés par la lanceuse d’alerte Frances Haugen, n’ont pas que du mauvais. Ils témoignent aussi de quelques histoires fascinantes. L’une d’elles vient du Cambodge et implique Facebook Messenger, le service de messagerie instantanée du réseau social éponyme.

Les documents obtenus de l’ex-employée de Mark Zuckerberg indiquent ainsi qu’en 2018, le réseau social avait eu la surprise de découvrir que près de la moitié du trafic de l’option vocale de Messenger dans le monde provenait du pays d’Asie du Sud-est, selon un article publié par Rest of World. De quoi piquer la curiosité de Facebook, qui avait alors, cherché à en savoir plus sur les raisons de ce résultat tout à fait étonnant qui plus est, pour une nation de 16 millions d’âmes à peine.

Les contraintes du khmer

Il ressort des recherches, à en croire Rest of world, que les chiffres de l’usage de la fonction vocale de Facebook Messenger au Cambodge résultent d’une spécificité propre à la langue locale, en l’occurrence, le khmer. Avec 74 caractères, ce dernier trône en effet en tête des langues dont l’alphabet compte le plus grand nombre de lettres à travers le monde. Cela rend difficile pour les Cambodgiens, l’écriture à partir du clavier conventionnel calqué bien trop souvent sur l’alphabet romain. L’Unicode aurait pu constituer une alternative, mais celui dédié au khmer reste limité à deux lettres par touche seulement.

Face à ces difficultés, les Cambodgiens ont donc décidé de faire de la messagerie vocale, leur moyen privilégié de communication sur Facebook Messenger très auprès de la population depuis plus d’une décennie.

Culture enracinée

Plus largement, la population dont l’immense majorité est alphabétisée – 80% selon la Banque mondiale en 2015 – privilégie l’usage du khmer pour communiquer sur les terminaux mobiles. 90 % des téléphones dans le pays prennent ainsi en compte la langue locale en constante évolution au fil des années.

Ce chiffre témoigne d’une réalité incontestable : le khmer est si enraciné chez les Cambodgiens que ces derniers refusent de l’abandonner, même face aux contraintes de la modernité qui promeut toujours la culture dominante. Car, que vaut en réalité le khmer face à l’anglais ou même au français dans le monde aujourd’hui ?

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