La célèbre vidéo « Charlie bit me ! » a été cédée à un acquéreur le 23 mai dernier lors d’une vente aux enchères des NFT (Non-Fungible Tokens en anglais traduisible en français par jetons non fongibles). Dernière illustration de cette nouvelle tendance consistant à acheter des œuvres numériques à prix d’or.
La famille Charlie n’aurait sans doute jamais pu imaginer qu’une tranche de vie a priori banale immortalisée par une vidéo de moins d’une minute vaudra 14 ans plus tard des centaines de milliers de dollars. Et pourtant, on en est là. La vidéo intitulée « Charlie bit me ! » (Charlie m’a mordu) disponible sur YouTube vient d’être vendue. Oui, vendue à la manière d’un objet d’art contre 760 000 dollars. L’acquéreur désigné sous le pseudonyme « 3fmusic » a remporté la mise au terme d’une enchère à laquelle ont participé 11 comptes.
Qu’est-ce qui rend cette vidéo unique ?
La vidéo dont il s’agit met en scène deux enfants : le plus âgé Harry et le bébé Charlie. Le premier qui met délibérément son doigt dans la bouche de son frère a la mauvaise surprise de se faire mordre. Le regard hagard, il fait part de sa mésaventure en s’écriant : « Aïe Charlie », « Charlie, ça m’a vraiment fait mal ». Son jeune frère avec une innocence feinte explose alors de rire. Ainsi naquit en 2004 une vidéo qui sera visionnée plus de 80 millions de fois sur YouTube. Mais la plateforme ne devrait plus l’héberger pour longtemps. Les auteurs ont en effet annoncé leur intention de la retirer de YouTube afin d’en concéder les droits de propriété au nouvel acquéreur, même si des copies ne manqueront probablement pas sur le web.
La frénésie des NFT
C’est l’une des spécificités des NFT. Une œuvre rachetée par un collectionneur peut demeurer sur internet à travers des copies. Mais ces dernières n’ont pas la même valeur que l’originale préalablement authentifiée via la blockchain, un des nombreux registres grâce auxquels toutes les informations liées aux jetons non fongibles sont certifiées, de même que les transactions. L’œuvre (vidéo, photo, gif, article de presse, etc.) authentifiée acquiert une valeur estimable à des millions de dollars selon l’attrait qu’elle suscite sur le marché. C’est ainsi que le premier tweet du fondateur de Twitter, Jack Dorsey, avait été vendu il y a quelques mois à un collectionneur pour 2,9 millions de dollars. Plus de deux milliards de dollars ont déjà été générés par ce marché depuis le début de l’année.