Si le réchauffement climatique conduit les sols à relâcher du CO2, il pourrait aussi permettre de libérer des virus congelés depuis des milliers d’années. L’on pense notamment aux virus de l’anthrax, de la variole ou encore de la grippe. Un scenario redouté par les scientifiques.

Selon une étude publiée par Science Advances en début d’année, dans 50 ans, des milliards de personnes vivant dans des zones chaudes pourraient quitter leurs lieux d’habitation à cause des températures extrêmes. Il s’agit principalement du Sahara, vaste désert situé dans la partie nord du continent africain, et du Moyen et Proche Orient. Parallèlement, des milliards d’autres êtres humains devraient faire face à une résurgence de virus dans les régions froides.

En effet, le changement climatique, qui provoque le déplacement des moustiques porteurs du paludisme ou de la dengue, pourrait favoriser le dégel du permafrost où sont congelés des microbes depuis des centaines ou des milliers d’années. « Dans mes moments les plus sombres, je vois un avenir vraiment horrible pour l’Homo sapiens », s’inquiète Birgitta Evengard, microbiologiste à l’université d’Umea, en Suède. « Notre plus grand ennemi est notre propre ignorance, parce que la nature est pleine de micro-organismes », notamment le permafrost, « véritable boîte de Pandore », ajoute-t-elle.

Des chercheurs réactivent des virus sibériens datant d’au moins 30 000 ans 

Ce permafrost recouvre un quart des terres de l’hémisphère nord, dont la Russie, le Canada ou l’Alaska. La fonte des couches de glace d’ici 2100 devrait aussi concerner l’Europe, où des maladies virulentes ont disparu depuis des siècles. « Dès que le sol dégèle, l’eau commence à couler au travers, emmenant avec elle particules, matières organiques ou micro-organismes isolés depuis des centaines ou des milliers d’années », explique le Pr Vladimir Romanovsky, de l’université d’Alaska à Fairbanks. Le géophysicien met en garde contre la capacité de certains micro-organismes à survivre dans un espace gelé pendant très longtemps. Pour preuve, une équipe de l’Institut de microbiologie de la Méditerranée (CNRS/AMU) dirigée par le Pr Jean-Michel Claverie a réussi à réactiver des virus sibériens datant d’au moins 30 000 ans !

Le nombre de bactéries ou virus emprisonnés dans le permafrost reste incalculable

Ces organismes réveillés sont capables de s’attaquer à tout organisme vivant, même l’homme. Dans les régions glacées, « des hommes de Neandertal, des mammouths, des rhinocéros laineux ont eu des maladies, sont morts, sont tombés. Probablement que tous les virus qui ont causé leurs problèmes à l’époque sont encore dans le sol », estime le Pr Jean-Michel Claverie. Comme le nombre de des bactéries ou virus emprisonnés dans le permafrost reste incalculable, le chercheur craint une déferlante de maladies. Parmi ces menaces, l’anthrax, la variole ou encore la grippe. Et les virus oubliés dans l’extrême pôle nord pourraient débarquer chez nous par le biais des industriels, dont ceux qui font de forages d’hydrocarbures et de gaz.

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