Malgré la polémique et les contraintes sur la législation sur le repos dominical, la grande distribution est déterminée à poursuivre l’ouverture de ses magasins le dimanche après-midi. Cette offensive inédite est une réponse aux nouveaux enjeux du secteur et aux nouveaux usages de la consommation observées en France et à travers le monde.

Une stratégie qui fâche les syndicats

Après une première passe d’arme à Angers, où le Tribunal de Grande Instance a rendu un jugement digne du roi Salomon, en interdisant au Casino Géant d’Angers le recrutement de prestataires externes, sans condamner le principe de l’ouverture dominicale et des caisses automatiques, le bras de fer entre les géants de la distribution et le gouvernement devrait se poursuivre dans les mois à venir.

Selon la loi, les commerces alimentaires ne sont a priori pas autorisés à ouvrir le dimanche après 13 heures. Une interdiction qui est déjà remise en cause dans des zones touristiques internationales (ZTI), près de certaines gares ou si l’ouverture du magasin est nécessaire pour des raisons de contraintes de la production, de l’activité ou les besoins du public. C’est le cas des hôtels, restaurants, boulangerie, commerces de bricolage, entreprises de transport, de presse, marchés, foires…

Face à une législation perçue comme inadaptée aux enjeux contemporains, les grandes enseignes ont décidé d’ouvrir le dimanche après-midi sans salariés. Le magasin fonctionne alors avec uniquement des caisses automatiques et du personnel extérieur au groupe Casino, c’est-à-dire des prestataires de service, soit quatre animatrices de caisse et huit vigiles dans le cas du Casino Géant d’Angers. C’est ainsi que l’hypermarché a pu ouvrir ses portes le dimanche au mois de septembre. Au grand dam des syndicats, au premier rang desquels la CGT, qui s’y sont farouchement opposés, y voyant une menace pour les emplois.

Une évolution inéluctable de la consommation

Au niveau du gouvernement, la question reste délicate. En témoigne ses propos de la secrétaire d’Etat à l’Economie, Agnès Pannier-Runacher, sur BFM Business : «  Je ne suis pas sûre qu’on soit très à l’aise avec l’idée qu’on ouvre tous les dimanches à n’importe quelle heure et pourquoi pas la nuit les magasins (…) Mais on ne peut pas ignorer les évolutions de la consommation ». Evolution ! Le mot est lâché !

Les chiffres plaident en faveur de l’ouverture le dimanche

Les grandes enseignes justifient leur nouvelle stratégie par l’évolution de la consommation. L’ouverture des points de vente le dimanche répond en effet aux attentes d’une partie des consommateurs qui sont moins disponibles en semaine.

On retrouve une clientèle plutôt jeune et aisée, notamment des cadres supérieurs. Aussi, plus de la moitié des achats est réalisée par des foyers de moins de 50 ans, indique Nielsen.

En outre, il s’agit avant tout de contrer la concurrence du commerce en ligne, en réclamant des horaires étendus. « On se doit d’être au plus proche des attentes des clients qui font leurs courses sur internet 24 heures sur 24 », revendique le groupe de Jean-Charles Naouri.

L’ouverture le dimanche sans caissiers représente 4,5% des ventes de la grande distribution et les achats du 7e jour pèsent pour 41% de la croissance de la grande distribution en 2019. Le phénomène devrait s’accélérer puisque l’activité des grandes surfaces le dimanche a progressé de 8,6% depuis le début de l’année.

Les grandes enseignes vont donc continuer sur leur lancée. Cette transformation étant une étape inéluctable de l’évolution du commerce.

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