Après une période d’expansion soutenue, l’univers des fragrances connaît aujourd’hui un essoufflement, freiné par la saturation du marché, la hausse des prix et la prolifération des imitations.

Le parfum a-t-il perdu son éclat ? La question mérite d’être posée alors qu’un ralentissement s’installe, sous l’effet d’une demande moins vigoureuse. Symbole de la santé du secteur à l’échelle mondiale, la France a vu ses exportations reculer de 3 % sur un an au troisième trimestre 2025, selon Bank of America (BoFA).

Dans la même veine, le groupe espagnol Puig a vu sa croissance organique se tasser à +2,8 % sur la période, contre +8,6 % au premier semestre. En Allemagne, la tendance demeure hésitante : un trimestre robuste sur trois seulement, dans un climat économique contrasté.

Pour BoFA, ces signaux traduisent une véritable fatigue olfactive du marché (fragrance fatigue). La banque américaine évoque même un « changement de cycle » pour un secteur qui affichait encore il y a peu, une croissance annuelle moyenne de 13 % sur trois ans, bien supérieure à celle de l’ensemble du marché de la beauté.

Un âge d’or qui se fissure

Cette ascension avait été nourrie par la vogue de la parfumerie haut de gamme et de niche, qui a tiré les prix vers le haut et fait du flacon un symbole de distinction sociale. En France, les ventes de parfums dits “de niche” ou de collections au‑delà de 175 euros avaient bondi d’environ un tiers.

Dans le but de profiter de cette appétence pour la bonne senteur, plusieurs marques s’étaient alors engagées dans un cycle de production frénétique. Au point de saturer le marché, dans un contexte où le portefeuille des consommateurs n’est jamais à l’abri de l’inflation.

Parallèlement, les copies ont connu un nouvel essor, comme l’illustrent les données de Bank of America, indiquant une multiplication par 11 des recherches liées à ces fragrances à l’échelle mondiale depuis 2020 sur Google.

Une note d’espoir malgré tout ?

Le phénomène est d’autant plus inquiétant pour les groupes concernés qu’en droit, reproduire une odeur demeure autorisé tant que le nom, le logo et le design du flacon ne sont pas repris ; à l’inverse, la contrefaçon — qui reproduit les éléments identitaires d’une marque — relève du pénal.

Pour autant, faut-il reléguer définitivement au passé la belle époque du secteur de la parfumerie ? Les acteurs préfèrent voir le verre à moitié plein, misant sur un prochain retour de flamme. Sarah Thirion, stratégiste actions chez la plateforme TP ICAP Midcap, évoque, dans des propos relayés par BFMTV, une année 2026 de transition pour les grands noms du secteur comme Interparfums.

À plus long terme, le marché pourrait franchir le cap des 90 milliards de dollars d’ici 2035, soutenu par la vitalité de la zone Asie‑Pacifique et la montée en gamme d’une clientèle toujours plus exigeante.

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