Le précieux sésame destiné aux travailleurs qualifiés étrangers coûte désormais 100 000 dollars par demande. De quoi mettre la Silicon Valley, grande bénéficiaire de ce programme, en émoi.

Depuis le 19 septembre, les visas H-1B coûtent 100 000 dollars en frais de demande. Par le passé, obtenir ce permis de travail requis pour les étrangers candidats à des postes nécessitant des compétences spécialisées et une formation universitaire coûtait quelques milliers de dollars seulement.

Pour la Maison Blanche, cette facilité d’accès a favorisé le détournement de l’objectif initial de ce visa créé pour faire venir des travailleurs temporaires compléter la main-d’œuvre américaine. Au lieu de cela, le programme a été « délibérément détourné pour remplacer les travailleurs américains par une main-d’œuvre moins payée et moins qualifiée ».

« Certains employeurs, utilisant des pratiques désormais largement adoptées par des secteurs entiers, ont abusé de la loi H-1B pour supprimer artificiellement les salaires, créant un marché du travail désavantageux pour les citoyens américains », affirme le décret signé par Donald Trump.

Selon la porte-parole de la Maison Blanche Taylor Rogers, cette mesure « reflète la promesse du président Trump de faire passer les travailleurs américains en premier » et vise à « dissuader les entreprises de saturer le système ».

La Silicon Valley face à un séisme économique

L’onde de choc de cette décision s’est rapidement propagée dans les couloirs des géants technologiques californiens. Pour Amazon, qui a obtenu 14 667 visas H-1B durant l’année fiscale 2025 selon les Services de citoyenneté et d’immigration, la facture grimpe vertigineusement.

Le leader du commerce électronique devrait ainsi débourser près d’1,5 milliard de dollars rien que pour maintenir son flux actuel de recrutement international. Microsoft, Meta, Apple et Google font face à des calculs similaires, chacun devant débourser entre 400 et 500 millions de dollars annuels.

« Très peu d’employeurs seraient prêts à débourser ce genre de somme« , alerte MoneyWatch Emily Neumann, avocate en immigration et associée directrice chez Reddy Neumann Brown, basée à Houston, dans les colonnes de CBS.

Des talents qui ont fait la force de l’Amérique

Pour les start-ups et les PME technologiques, la facture de 100 000 dollars par visa représente un budget potentiellement rédhibitoire. Pourtant, les profils concernés par ces visas ont largement contribué au succès de la tech américaine.

Satya Nadella, PDG de Microsoft, et Sundar Pichai, patron d’Alphabet (maison mère de Google), sont tous deux nés en Inde avant de se hisser à la tête de ces géants. Plus globalement, une étude de l’université Stanford publiée l’année dernière révèle que parmi les 500 « licornes » américaines créées entre 1997 et 2019 – ces start-ups valorisées à plus d’un milliard de dollars – 44% ont été cofondées par au moins un entrepreneur né à l’étranger.

Sur un peu plus de 1 000 fondateurs recensés, 474 sont nés hors des États-Unis. Les Indiens arrivent en tête, suivis par les Israéliens et les Canadiens.

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