SpaceX rachète pour 17 milliards de dollars les fréquences mobiles de l’opérateur EchoStar. Cette acquisition stratégique marque l’offensive de sa constellation sur le marché mondial de la téléphonie mobile.
Et si les appels téléphoniques transitaient directement par satellite sans antennes-relais ? Cette perspective, aujourd’hui limitée à de rares cas comme la fonctionnalité « SOS d’urgence » disponible chez Apple à partir de l’iPhone 14 et versions ultérieures, pourrait bien se généraliser grâce notamment à Starlink.
L’entreprise d’Elon Musk a annoncé le 8 septembre dernier avoir racheté les fréquences de l’opérateur américain de télécommunications EchoStar, pour la somme colossale de 17 milliards de dollars.
Cette acquisition marque la volonté de SpaceX de s’affranchir des partenariats traditionnels, notamment avec T-Mobile, pour développer ses propres services de connectivité à travers son service « direct to cell ».
Cette technologie, lancée en février aux États-Unis par Starlink, permet aux smartphones ordinaires de se connecter directement aux satellites en orbite, sans nécessiter d’antennes spéciales ou de modifications du téléphone. De quoi promettre une couverture mondiale instantanée et l’élimination définitive des zones blanches.
La crainte d’une concurrence frontale
La transaction avec EchoStar, ancien challenger d’AT&T et Verizon sur le marché mobile désormais contraint de céder ses actifs les plus précieux, place SpaceX en position de concurrent direct des opérateurs téléphoniques traditionnels sur le marché mondial.
Les actions d’AT&T, de Verizon et de T-Mobile ont d’ailleurs chuté respectivement de 2,33 %, 2,39 % et 3,90 % à l’annonce de la nouvelle. Cette réaction dépasse le simple soubresaut boursier, comme en témoigne la teneur d’une note interne d’un opérateur français révélée par Le Monde.
Celui-ci indique que « l’entreprise d’Elon Musk ne souhaite plus dépendre exclusivement d’accords avec des opérateurs mobiles pour exploiter leurs fréquences, mais entend désormais déployer ses services sur des bandes de fréquences qui lui sont propres ».
Les enjeux économiques du secteur sont d’autant plus considérables. D’après une étude Novaspace, ce marché devrait exploser, passant de 404 millions de dollars en 2025 à plus de 10 milliards en 2033, grâce aux avancées rapides en matière de technologie et à l’expansion des réseaux satellites.
Une technologie encore limitée face aux réseaux terrestres
Les experts nuancent toutefois les inquiétudes concernant les capacités réelles de Starlink dans le domaine mobile. Jean-Baptiste Thépaut, spécialiste des communications satellitaires chez Novaspace, souligne dans les colonnes du Monde, que la constellation reste « encore loin de pouvoir proposer une connectivité aussi efficace que les opérateurs classiques ».
Contrairement aux réseaux terrestres, la connexion par satellite souffre de plusieurs limitations majeures, parmi lesquelles la dégradation du signal par temps couvert, les difficultés de pénétration à l’intérieur des bâtiments, et une capacité réduite dans les zones urbaines densément peuplées.
« Le sujet de la couverture à l’intérieur des bâtiments est clé pour le mobile« , rappelle un porte-parole de SFR au quotidien français.