Dès janvier 2026, La Poste augmente ses tarifs pour la deuxième année consécutive. Objectif : colmater les brèches d’un modèle économique à bout de souffle.
La Poste française augmente ses prix de 7,4% à partir de janvier 2026, de quoi faire passer le timbre habituel de 1,39 à 1,52 euro, soit 13 centimes de plus (9,35%). Les lettres recommandées s’afficheront à 6,11 euros contre 5,74 euros actuellement pour un pli de 20 grammes.
La lettre services plus grimpe de 3,15 à 3,47 euros, l’e-lettre rouge pour les envois urgents passe de 1,49 à 1,60 euro, et le courrier international jusqu’à 20 grammes s’établit à 2,25 euros au lieu de 2,10 euros.
Seuls les colis Colissimo échappent relativement à cette flambée avec une hausse plus modérée de 3,4% en moyenne, toutes destinations confondues. Il s’agit d’une nouvelle spirale inflationniste après celle de l’année dernière qui avait vu les tarifs grimper de 6,8% en moyenne.
En deux ans, les tarifs auront ainsi bondi de plus de 14% au total. En cause : la baisse continue du courrier, qui participe à grèver les finances de La Poste.
L’hémorragie du courrier traditionnel
En 2024, le volume des lettres a continué de décliner de manière structurelle, avec une baisse de 8,2 % par rapport à 2023, passant de 6,116 milliards de lettres à 5,618 milliards de plis.
Cette érosion s’inscrit dans une tendance de fond liée à la digitalisation des communications. Résultat : La Poste perd 500 millions d’euros de chiffre d’affaires chaque année, selon Philippe Wahl, l’ancien PDG désormais président par intérim du conseil d’administration.
L’entreprise publique assiste ainsi impuissante à l’effondrement de son cœur de métier historique, ce qui la contraint à développer de nouveaux services pour survivre. Même si le nombre de colis distribués a augmenté de 2,7 %, atteignant 2,625 milliards l’année dernière.
Le paradoxe est saisissant : alors que La Poste doit maintenir son maillage territorial et assurer une distribution six jours sur sept sur tout le territoire dans le cadre de sa mission de service public, son activité principale s’effrite inexorablement.
Un budget postal en trompe-l’œil pour les ménages français
L’entreprise publique vient d’ailleurs d’être renouvelée pour dix ans dans son mandat de prestataire de service universel, une mission qui garantit l’égalité d’accès au service postal, mais pèse lourdement sur ses finances.
Car contrairement à ce que pourrait laisser penser son statut public, La Poste ne bénéficie pas d’une compensation intégrale de l’État. Distribution du courrier et de la presse, aménagement du territoire, accessibilité bancaire… toutes ces obligations lui ont coûté 1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2023, selon les calculs de Wahl.
Face aux critiques prévisibles sur cette nouvelle hausse, La Poste tente de rassurer en avançant un argument pour le moins surprenant : malgré l’augmentation des prix, le budget postal des ménages français devrait… diminuer de 6% en 2026.