Une étude du Monde révèle le fardeau financier de plus en plus lourd que doivent porter les organisateurs de ces rendez-vous culturels devenus incontournables sur le territoire français, notamment en été.
Vous l’avez sans doute remarqué si vous fréquentez les festivals : assister à ces événements en France relève désormais plus du sacrifice financier que du simple plaisir culturel. Une réalité confirmée par une récente étude du journal Le Monde.
Publiée le 22 juin dernier dans la foulée de la célébration de la fête de la musique, cette analyse des 13 grands festivals français (plus de 30 000 spectateurs par jour) révèle une explosion des prix, de l’ordre de plus de 60% en dix ans.
Cette flambée tarifaire touche tous les genres musicaux. Certains événements comme We Love Green, Cabaret Vert ou Rock en Seine ont ainsi carrément doublé leurs tarifs dans l’intervalle. D’autres, comme Les Vieilles Charrues ou Musilac, ont fait preuve de plus de retenue, mais n’échappent pas à la tendance générale.
Dans ce qui semble être devenu un produit de niche pour portefeuilles bien garnis, Hellfest organisé à Clisson, en Loire-Atlantique, se présente comme « le festival le plus cher de France ».
La conséquence de plusieurs facteurs
L’inflation y contribue – la vie a renchéri de 20% d’après l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) – mais n’explique pas tout. La hausse des cachets artistiques, qualifiée d’« indécente » ou de « spéculative » par les professionnels, est mise en cause.
« En 2009, le cachet d’un million d’euros versé à Bruce Springsteen aux Vieilles Charrues avait fait scandale. Aujourd’hui, c’est quasiment la norme pour une tête d’affiche », observe Stéphane Krasniewski, président du Syndicat des musiques actuelles (SMA), qui fédère plus de 160 festivals indépendants.
Depuis l’effondrement des ventes de disques et l’essor du streaming peu rémunérateur, les artistes comptent sur les concerts pour compenser. S’y ajoutent la flambée des prestations techniques (+134% entre 2019 et 2022), du transport de matériel et de l’énergie.
Paradoxalement, cette explosion des prix ne se traduit pas par une meilleure santé financière des organisateurs. Bien au contraire.
Un modèle à réinventer
Selon le Centre national de la musique, deux tiers des 85 festivals étudiés étaient déficitaires en 2023, malgré des taux de remplissage supérieurs à 90%. Les Vieilles Charrues, l’un des plus grands festivals français avec 250 000 spectateurs sur quatre jours, ont ainsi perdu un million d’euros, selon Le Monde.
Cette situation révèle l’impossibilité de compenser la hausse des coûts par la seule hausse des prix, sans risquer de perdre le public. Le défi principal tient, comme le relève le quotidien du soir, à la concurrence internationale, alors que les subventions publiques diminuent.
Les festivals français affrontent des événements européens aux budgets bien supérieurs, financés par des partenariats interdits en France (alcool, tabac) et bénéficiant de réglementations moins contraignantes.