L’offensive tarifaire du président américain suscite le scepticisme de la population, qui craint plus que jamais les effets pervers sur son portefeuille, selon un récent sondage.

Les Américains n’ont pas une très bonne opinion des tarifs douaniers de Donald Trump, qui souffle le chaud et le froid sur ce sujet depuis près de cinq mois qu’il a retrouvé la présidence des États-Unis.

Selon un sondage Harris Poll réalisé du 8 au 10 mai pour Bloomberg News auprès d’environ 2 100 adultes, 56% d’entre eux considèrent ces taxes comme un facteur d’aggravation de l’état de leurs finances.

Cette perception négative s’explique en grande partie par l’anticipation d’une hausse générale des prix, puisque 69% des répondants s’attendent à voir augmenter le coût des biens de consommation courante. Cette crainte se justifie d’autant plus que plusieurs détaillants ajustent déjà leurs prix en conséquence.

Il s’agit de répercuter le surcoût des importations sur les produits destinés aux consommateurs, ainsi que l’a annoncé le groupe Walmart il y a quelques semaines. De fait, 52% des sondés considèrent que les bénéfices promis par ces mesures protectionnistes ne justifient pas leurs répercussions économiques.

Entre crainte de récession et restrictions budgétaires

Au-delà des chiffres macroéconomiques, le sondage révèle un phénomène plus profond : l’impact psychologique des politiques tarifaires – les plus agressives depuis près d’un siècle aux États-Unis selon Bloomberg – sur le comportement des consommateurs.

En effet, trois Américains sur cinq déclarent avoir réduit leurs dépenses par crainte d’une récession potentielle, scénario de plus en plus probable d’après de nombreux économistes, l’nstar de Jamie Dimon, le patron de JP Morgan. Par ailleurs, 16% supplémentaires prévoient de le faire prochainement.

Cette anticipation négative crée un cercle vicieux où la simple peur des conséquences économiques génère déjà des effets récessifs, comme l’illustrent quelques témoignages rapportés par Bloomberg.

Mackenzie Knight, employée de 35 ans travaillant dans les ressources humaines d’une université de la Baie de San Francisco, s’inquiète ainsi d’une fragilisation de son équilibre financier en raison de la perspective de nouveaux tarifs douaniers, surtout que la hausse du coût de l’immobilier pèse déjà lourdement sur son pouvoir d’achat.

Un jusqu’au-boutisme préjudiciable ?

Plus de 70% des consommateurs qui réduisent leurs dépenses déclarent sortir moins souvent au restaurant, et 57% dépensent moins pour les loisirs. Même les projets de vacances estivales sont revus à la baisse, avec un tiers des Américains planifiant moins de voyages que l’année précédente.

Face aux frais de garde élevés et aux anticipations d’augmentation des coûts liés aux tarifs, la famille de Brad Russell, un Philadelphien de 40 ans, père de deux jeunes enfants, dit avoir décidé de troquer leurs vacances et les escapades à Disney World contre des week-ends à Williamsburg, en Virginie. De quoi privilégier la voiture aux billets d’avion.

Il est cependant peu probable que Trump et ses faucons se montrent sensibles aux préoccupations de ces Américains anxieux quant à leur pouvoir d’achat, tant ils sont engagés dans une approche inflexible que de nombreux observateurs jugent préjudiciable au pays.

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