Dans un contexte où les droits télévisuels de la Ligue 1 s’effondrent, la compétition reine du football européen est devenue bien plus qu’une simple vitrine sportive pour les clubs français.
« On avait les moyens, on s’est tués nous-mêmes, c’est ça qui fait mal. » Face à la presse samedi 10 mai, en marge de la 33e journée de Ligue 1, Alexandre Lacazette ne masquait pas sa frustration après la défaite 2-0 de l’Olympique Lyonnais (OL) contre l’AS Monaco.
Au même moment, le directeur du football de l’Olympique de Marseille (OM), Mehdi Benatia, exprimait son soulagement après la victoire 3-1 obtenue sur la pelouse du Havre. Ces deux réactions diamétralement opposées convergent pourtant vers un même enjeu crucial : la qualification en Ligue des champions (C1) pour la saison prochaine.
Cette perspective semble désormais très compromise pour L’OL à une journée de la fin du championnat, tandis que Marseille a désormais l’assurance d’être présent dans la prestigieuse compétition.
« C’est beaucoup de travail au quotidien, de beaucoup de gens au club, qui ont beaucoup donné », a souligné Benatia.
L’inversion des priorités économiques
Ces propos illustrent l’intensité de la lutte pour les deux places qualificatives restantes (après le Paris Saint-Germain, intouchable leader), qui permettent un accès direct à la Ligue des champions depuis la Ligue 1. C’est que la participation à la C1 est devenue capitale financièrement pour les clubs français ces dernières années.
« Avant, les clubs s’appuyaient sur les droits nationaux et l’Europe, c’était le bonus. Aujourd’hui, c’est l’inverse« , explique Jean-Pascal Gayant, professeur en sciences économiques spécialiste du sport, dans les colonnes du journal Le Parisien.
À cet effet, les chiffres de 2023-2024 de la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) révèlent que 53% des recettes télévisuelles des clubs français proviennent des compétitions européennes, contre seulement 47% des droits nationaux.
Le PSG a ainsi encaissé 121,2 millions d’euros pour s’être hissé parmi les quatre derniers de la C1, contre seulement 55,7 millions en Ligue 1.
Une dépendance dangereuse ?
Lens, pourtant éliminé précocement de la Ligue des Champions, a empoché 48,7 millions de la part de l’UEFA, soit plus que le double des gains provenant des droits TV en France (21 millions).
Ce contraste s’explique par un phénomène de ciseau économique : tandis que les droits télévisuels français ne cessent de chuter (de 726,5 millions annuels en 2016-2020 à environ 500 millions aujourd’hui), l’UEFA a négocié des contrats plus avantageux grâce à sa nouvelle formule avec davantage de matchs.
Dans ces conditions, la Ligue des champions devient un Graal. D’autant que la rupture entre la Ligue de Football Professionnel et DAZN, principal diffuseur du championnat cette saison, fait planer l’incertitude quant à l’avenir des droits télévisuels hexagonaux.