Face aux tensions commerciales entre Washington et Ottawa, une brasserie canadienne innove avec un pack unique contenant exactement une bière pour chaque jour du mandat du président américain.
Et si le protectionnisme prôné par Donald Trump représentait une opportunité pour certaines économies du monde ? Au Canada, une entreprise est en tout cas décidée à profiter de la guerre commerciale déclenchée par la nouvelle administration américaine à son voisin du Nord.
La brasserie Moosehead a décidé de transformer cette tension diplomatique en avantage commercial en proposant notamment un pack spécial de 1461 bières, soit l’équivalent d’une consommation quotidienne pendant les quatre années de présidence de l’élu républicain.
« C’est juste assez pour survivre pendant tout le mandat », explique dans un communiqué, Karen Grigg, directrice du marketing de la la société connue la plus vieille brasserie du Canada et réputée pour ses bières de qualité, dont la plus célèbre – la Moosehead Canadian Lager – est proposée à travers ce pack baptisé « Presidential Pack ».
Disponible par commande sur le site internet Moosehead, ce pack de bières en canette n’est accessible que pour les résidents des provinces d’Ontario, du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse, au prix de 3 490 dollars canadiens.
Une réponse brassicole à la politique tarifaire américaine
L’initiative symbolise la résistance économique canadienne face aux nouvelles barrières douanières imposées par Washington. Les relations commerciales entre le Canada et les États-Unis traversent en effet une période de turbulences rare vue dans l’histoire récente des deux nations depuis le retour au pouvoir de Trump.
En plus de vouloir faire de son voisin du Nord le « 51e État américain », le nouveau locataire de la Maison Blanche s’illustre par un yo-yo continu, imposant puis supprimant des taxes douanières sur de nombreux produits en provenance du Canada.
De quoi forcer les entreprises canadiennes à développer des stratégies d’adaptation. Plusieurs provinces canadiennes, dont le Québec, ont ainsi récemment pris la décision radicale de bannir les produits alcoolisés américains de leurs rayons.
L’autodérision au service du patriotisme commercial
Cette politique commerciale américaine imprévisible déstabilise les relations économiques entre les deux pays. Andrew Oland, PDG de Moosehead, a d’ailleurs qualifié ces mesures de « grande déception » et s’est dit « vraiment triste de voir cette relation américano-canadienne prendre une direction différente », le 5 mars dernier dans une interview accordée à CTV News.
La communication autour de ce pack géant mise délibérément sur l’humour et l’autodérision. « Si le début de l’année 2025 nous a appris quelque chose, c’est qu’il faudra de la détermination pour surmonter quatre années d’incertitude politique – et quelle meilleure façon de traverser chaque journée qu’avec une bière véritablement canadienne« , résume Karen Grigg.
En transformant une situation potentiellement anxiogène en opportunité commerciale, Moosehead réussit le tour de force de mobiliser le sentiment patriotique canadien tout en générant une couverture médiatique internationale. Tout le contraire d’un » bad buzz ».