L’activisme idéologique du patron du constructeur automobile électrique ne laisse pas ses clients indifférents, partagés entre exaspération et fidélité discrète.
Jusqu’où ira Elon Musk afin de faire infuser ses idéaux conservatistes ? L’homme qui vient de débourser plus de 250 millions de dollars – un record dans l’histoire du financement politique aux États-Unis – dans le cadre de la réélection de Donald Trump, fort d’une fortune estimée à 400 milliards de dollars, rêve désormais de refaçonner l’Europe.
À coups de tweets rageurs, de fausses informations et avec comme slogan « Make Europe Great Again » (un détournement du Make America Great Again ‘Maga’ de Trump), il s’emploie sur son réseau social X, à attaquer tout ce qui ne rentre pas dans son agenda sur le Vieux Continent.
L’Allemagne dont les élections législatives sont prévues pour le 23 février prochain représente un premier test de la force de son activisme politique en faveur du parti d’extrême droite local, Alternative pour l’Allemagne (AfD).
Au grand dam des autorités allemandes, qui ne cessent de dénoncer l’ingérence de l’homme d’affaires américain né en Afrique du Sud.
Quelques vents contraires
« Musk renforce ceux qui affaiblissent l’Europe. Une Europe faible est dans l’intérêt de ceux pour qui la réglementation constitue une limite inappropriée à leur pouvoir », estimait le 31 décembre dernier, le vice-chancelier, ministre de l’Économie et du changement climatique, l’écologiste Robert Habeck.
Ce positionnement de l’homme d’affaires embarrasse fortement les adeptes de Tesla, sa marque de voiture électrique. Laquelle a vu ses immatriculations rogner de 41% en 2024 dans le pays. Une chute nettement plus marquée que celle du marché électrique allemand dans son ensemble (-18%).
Si cette situation est d’abord due, comme l’indique Le Monde, à la suppression des aides à l’achat, il n’en demeure pas moins vrai que le constructeur désormais délocalisé au Texas subit quelques vents contraires sur le marché.
Outre la baisse de 63% de ses immatriculations en France en janvier 2025, il a vu ses ventes mondiales reculer de 1% l’année dernière. Une première depuis sa création en 2003.
Un attachement désormais mis à l’épreuve
Le soutien affiché de son PDG à Donald Trump, ses déclarations polémiques et ce que certains décrivent comme un « salut nazi » lors de la cérémonie d’investiture du nouveau président ont créé une fracture profonde avec sa clientèle historique, majoritairement progressiste et écologiste.
Dans les colonnes du Monde, un propriétaire français témoigne : « pas question que je continue, même indirectement, à donner de l’argent à ce personnage dont je ne veux plus entendre parler ».
« J’ai acheté une histoire cool – celle d’une marque de voitures pour gens sympas et, c’est vrai, “friqués” –, mais, aujourd’hui, on m’en raconte une toute autre. Celle d’un dangereux extrémiste qui a pété les plombs et dont il faudrait que je finance les délires », pointe un autre nommé Raphaël Charton, alors que conduire le véhicule pionnier du segment électrique devient de plus en plus source d’embarras.