Malgré une production particulièrement foisonnante en France, le cinéma documentaire peine à trouver sa voie, entre un public restreint et des financements qui relèvent souvent du parcours du combattant.
Loin des blockbusters et autres grosses productions, l’industrie du septième art comporte une niche non moins intéressante : celle des documentaires diffusés en salles. Caractérisées entre autres par leur rapport direct au réel, ces œuvres font leur petit bonhomme de chemin.
En témoignent les 115 projections réalisées à cet effet en France l’année écoulée, d’après Charles Hembert, membre du comité de sélection du Festival international de programmes audiovisuels documentaires de Biarritz (Fipodac) refermé ce samedi 1er février, cité par Le Monde.
Si la tendance se maintient par rapport à 2023, ce chiffre n’en reste pas moins particulièrement haut, comparé à de nombres autres pays. Pourtant ces productions n’ont réussi à attirer qu’une toute petite marge (1,5%) du total des entrées en salles au cours de la période considérée.
Une économie de combat
Cela représente 2,84 millions de spectateurs. Un chiffre en hausse par rapport aux 1,5 million d’entrées de 2023, mais qui reflète mal l’énorme bataille à laquelle les acteurs du secteur doivent quotidiennement se livrer pour espérer faire vivre leur art.
Fort d’un budget moyen oscillant entre 250 000 et 300 000 euros selon Mélanie Gérin, une des associées de la société Zadig Productions, ces films doivent composer avec une équation financière complexe. D’autant que leur public n’est pas monsieur Tout-le-Monde.
Selon les données du Centre national du cinéma (CNC), les spectateurs qui franchissent le seuil des salles pour ces œuvres se distinguent par leur profil : plus âgés que la moyenne et issus de catégories socioprofessionnelles supérieures.
Il faut par ailleurs compter sans l’apport des chaînes de télévision qui préfèrent investir dans leurs propres oeuvres pour une diffusion plus rapide. Car la durée de vie du documentaire en salle se révèle souvent plus longue que celle des films de fiction par exemple.
Le défi du financement
La conséquence d’une distribution atypique, marquée par une sortie répartie sur une trentaine de copies, soit six fois moins que les autres genres de productions cinématographiques.
Les réalisateurs se transforment ainsi en véritables militants de leurs œuvres, multipliant les déplacements pour accompagner les projections-débats, parfois bien des années après le dévoilement.
Une initiative motivée par le besoin de rentrer un tant soit peu dans ses frais face à une structure de financement des plus restreintes : 30,4% d’aides publiques et régionales et 24,7% d’apport des producteurs, à en croire le CNC.
Il s’agit d’autant d’obstacles inhérents à ce milieu, mais pas de nature à émousser l’ardeur des passionnés. Lesquels développent de plus en plus d’approches novatrices – séances de karaoké après-projection, mise à contribution des nouveaux médias, etc. – dans le but de continuer à porter un regard unique sur le monde et de nourrir le débat public.