Les deux principaux acteurs du cloud se livrent une bataille sans merci sur fond d’attribution de contrats gouvernementaux aux États-Unis. Dernier épisode en date, un pactole de 10 milliards de dollars mis en jeu par la NASA.
Tu me tiens, je te tiens. Voilà le jeu auquel se livrent Amazon et Microsoft dans le domaine du cloud aux États-Unis. Un jeu sérieux cependant puisque l’enjeu financier et sécuritaire est de taille.
Alors que la firme de Seattle vient de se voir attribuer la réalisation du programme « WildandStormy» destiné à sécuriser les données de la NASA via le cloud, son concurrent n’est pas d’accord. Microsoft qui proteste contre cette attribution a décidé de la contester devant la justice. Raison évoquée : la non-qualification d’Amazon pour l’expertise requise.
Un pactole
Un tel argument pourrait sembler étonnant étant donné qu’Amazon Web Services (AWS), le service de cloud du spécialiste de la vente en ligne est le numéro 1 au monde dans le domaine avec plus de 30% des parts de marché. Microsoft ne suit qu’avec environ 19% grâce à son service Azure.
En réalité, cette offensive de Microsoft tient aux 10 milliards de dollars que vaut le WildandStormy. Dans un secteur du stockage des données certes écrasé par les deux firmes américaines, mais ultraconcurrentiel, le moindre marché remporté par l’une ou l’autre des parties est capital. Surtout si cela permet à l’heureux gagnant de démontrer son savoir-faire à l’administration américaine en pleine modernisation de son volet cloud. Car faire ses preuves dans le pays le plus puissant au monde et au système de données sans doute le plus sensible de la planète peut aider à ouvrir les portes d’autres horizons.
Revanche
À travers son action, Microsoft veut également prendre sa revanche sur Amazon. Ce dernier mécontent d’avoir perdu en 2019 un autre contrat gouvernemental de 10 milliards de dollars – cette fois avec le Pentagone –, avait manœuvré des mois durant contre son concurrent. Las des tiraillements entre les deux géants et contrainte par une décision judiciaire, le département américain de la Défense avait fini par scinder le contrat en deux pour en attribuer une moitié à chaque partie en juin dernier. Une déconvenue que Microsoft a certainement encore du mal à encaisser.
Il est encore tôt pour savoir ce qu’il adviendra du contrat avec la NASA, mais la bataille entre les mastodontes du cloud ne fait que commencer, aux États-Unis du moins. Amazon et Microsoft étant les seuls du secteur à pouvoir répondre aux attentes de l’administration américaine.