En 2002, l’économiste Jeremy Rifkin avait publié L’Économie hydrogène. Dans cet ouvrage, il se demandait comment produire de l’hydrogène en quantité suffisante et assez propre pour remplacer à la fois pétrole, gaz, charbon et nucléaire. Une décennie plus tard, il avait sa réponse. On n’a pas besoin d’en produire, mais d’exploiter ce qui se trouve sous nos pieds : l’hydrogène naturel.
Une alternative non polluante et moins coûteuse
Selon une étude de Navigant Research, les besoins en hydrogène, liés aux secteurs de l’énergie et des transports, devraient être multipliés par vingt d’ici 2030 : passant de 0,17 milliard à 3,5 milliards de tonnes par an. Actuellement, la consommation d’hydrogène naturel s’élèvent à plus 60 millions de tonnes, soit 2% du marché énergétique mondial en 2015.
Si la production d’hydrogène est visiblement porteuse, elle pose de plus en plus problème car source de pollution. L’essentiel de l’hydrogène consommé étant manufacturé, c’est-à-dire produit artificiellement en usine, soit par vaporéformage, soit par électrolyse, ou à partir de méthane ou d’eau. Ces procédés émettent énormément de gaz à effet de serre et son très coûteux. Aujourd’hui, une solution plus propre et moins cher s’offre à cette industrie : l’hydrogène naturel.
L’IFP Energie nouvelles propulse l’hydrogène naturel
La communauté scientifique était, jusqu’en 2010, plutôt sceptique quant à la présence d’hydrogène naturel sur Terre. Elle s’était convaincu que ce gaz n’existait qu’en dehors de l’atmosphère et dans l’océan, à des profondeurs inaccessibles. Mais un communiqué de l’IFP Energie nouvelles va tout changer. L’institut français annonce en 2013 que d’importants « gisements » d’hydrogène naturel ont été découverts dans le sous-sol en Russie. D’autres émanations ont été localisées au Kansas (Etats Unis) et au Mali, ainsi qu’en Turquie, à Oman, aux Philippines, en Nouvelle-Calédonie. L’ampleur des découvertes pousse l’IFP Energie nouvelles à lancer une mission d’évaluation quant à « l’intérêt technico-économique d’une production industrielle d’hydrogène naturel ».
Selon les géologiques français Alain Prinzhofer et Éric Deville, auteurs de l’ouvrage « Hydrogène naturel : la prochaine révolution énergétique ? », cette ressource naturelle est totalement verte car sa production n’émettrait aucun C02. Il n’en ressortirait que de l’eau. D’où l’intérêt qu’elle suscite pour la transition écologique. Mais elle se voit encore trop négligée à cause notamment des puissants lobbies de l’or noir.
Petroma a une longueur d’avance au Mali
Mais, dans les prochaines années, si les puits de pétrole sont à sec, l’on pourrait avoir une importante ruée vers l’hydrogène naturel. Un entrepreneur malien du nom d’Aliou Boubacar Diallo aurait alors prix de l’avance. Depuis 2012, sa société d’exploration Petroma transforme l’hydrogène naturel en électricité verte, qu’elle fournit gratuitement aux habitants de Bourakébougou. Le succès de cette entreprise devrait constituer une source de motivations pour les industriels encore hésitants.