Au moins un million de demandeurs d’emploi indemnisés pourraient être pénalisés par la réforme de l’assurance chômage. C’est ce qui ressort d’un document de travail de l’Unédic, qui mesure l’impact des nouvelles règles qui entreront progressivement en vigueur à partir du 1er novembre prochain.

Une sous-estimation du gouvernement en juillet

La réforme de l’assurance-chômage qui s’appliquera à partir du 1er novembre prochain devrait impacter de nombreux demandeurs d’emploi. Au moins 40% de chômeurs (plus d’un million) devraient être pénalisés par cette nouvelle réforme, d’après un document de travail provisoire réalisé par l’Unédic (la version définitive est attendue le 24 septembre). Cette estimation est nettement supérieure à celle avancée par le ministère du Travail, lors de la présentation de ses arbitrages en juillet dernier. Il évoquait un « maximum » de 600 000 à 700 000 personnes. Mais les syndicats n’y croyaient pas déjà ; leurs craintes sont donc confirmées.

Trois dispositions en cause

Cette hausse des personnes impactées s’explique par le durcissement des règles de l’indemnisation chômage. Il y a d’abord le durcissement des conditions d’accès à l’allocation chômage. Il faudra désormais avoir travaillé au minimum six mois sur les 24 derniers mois pour y avoir droit contre quatre sur 28 actuellement. Cette mesure, qui devrait rapporter 900 millions d’euros en 2020, impactera surtout les plus jeunes qui « ont des droits plus courts avec des salaires de référence plus faibles », souligne l’étude. Ensuite, l’allocation chômage de ceux qui percevaient un salaire élevé (plus de 3.500 euros net par mois) diminuera sensiblement à partir du septième mois. Entre 1 000 à 2 000 nouveaux allocataires devraient être touchés par cette baisse à partir de 2020. Grâce à cette nouvelle disposition, le gouvernement réalisera 20 millions d’euros d’économies en 2020, 140 millions en 2021 et 350 millions en 2026. Le troisième point est la nouvelle formule de calcul des droits, qui impactera 37% des nouveaux allocataires, soit plus de 850.000 personnes. Leur allocation journalière nette diminuera de 19% en moyenne. Ce seront près de 250 millions d’euros en 2020 et 1,1 milliard en 2021 que l’Etat mettra de côté. En tout, « plus d’un million de chômeurs indemnisés perdraient des droits par rapport au système actuel », sur les 2,6 millions d’allocataires aujourd’hui indemnisés. Quant au gouvernement, il espère 3,4 milliards d’euros d’économies pour la période 2020-2021.

Une étude parcellaire selon le ministère du Travail

Interrogé par Le Monde, un proche de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, dit regretter que l’étude de l’Unédic ne prenne pas en compte « les changements de comportements » que la réforme pourrait provoquer au niveau des entreprises comme des salariés. Il déplore également qu’il ne soit pas stipulé que « 20 % des chômeurs bénéficient d’une allocation supérieure au salaire mensuel moyen qu’ils percevaient quand ils étaient en activité ». Des « inéquités » que le gouvernement souhaite gommer avec la nouvelle formule de calcul de l’indemnisation. Le ministre insiste enfin sur les moyens supplémentaires accordés à Pôle emploi, visant à mieux accompagner les chômeurs.

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